Adaptation des sociétés bédouines de la côte nord-ouest de l’Égypte au changement global

Alary V., Daoud I., Salama O., Aboul Nag A., Merveille N., Tourrand J.F
Autrepart, 62, 183-200.

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En ce début de millénaire, l’Égypte est en prise directe avec de multiples changements d’ordre économique (forte croissance démographique et urbanisation qui gagne la côte nord-ouest [Zdruli, 2012]), climatique, à la suite du renforcement des sécheresses dans le sud méditerranéen [Christensen et al., 2007], et sociopolitique, en raison des incertitudes induites par le « Printemps arabe ». Bien que l’Égypte soit un pays de tradition agricole, l’importation assure une part significative de l’alimentation de ses 85 millions d’habitants (50 % des céréales et près de 30 % de la viande bovine [Ubifrance et les missions économiques, 2009, 2011]). Si l’Égypte est reconnue pour ses performances agricoles dans le delta et la vallée du Nil, peu de travaux de recherche portent sur les systèmes pluviaux gérés par les communautés bédouines. En l’absence d’irrigation, ces communautés, vulnérables au changement climatique, ont élaboré un savoir de la gestion de la sécheresse en jouant sur la mobilité et les multiples fonctions des troupeaux et la diversification des activités. Elles ont su également maintenir leurs réseaux sociaux tribaux tout en s’adaptant au changement social et politique. Elles apparaissent donc comme innovantes, en particulier à la lisière des zones irriguées. Le projet de recherche ELVULMED[1] Projet ELVULMED intitulé : « Rôle des activités d’élevage... [1] propose une analyse rétrospective des processus d’adaptation des communautés bédouines de la côte nord-ouest (NWCZ), des régions de Borg-Arab à la frontière libyenne, face aux multiples changements qui ont affecté la région. Des données sur l’histoire et le présent des systèmes d’activités, recueillies auprès de 182 familles rurales et de vingt porteurs d’enjeux de la région fournissent un premier matériel pour analyser les formes d’adaptation de ces systèmes. La sécheresse de 1995 à 2010, d’une ampleur et intensité inédites dans la région, renseigne sur les processus d’adaptation aux changements climatiques récents pris dans une multitude de changements sociopolitiques. C’est dans ce contexte particulier que nous proposons une première lecture des processus d’adaptation, en analysant successivement le fonctionnement du système « traditionnel » et actuel. Cette articulation complexe du passé et du présent nous permet de mieux comprendre la résilience de ces communautés.